« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Les malheurs du président 3%

Que représente encore le président Trois-pour-cent, en France comme à l’étranger ? Au lendemain des élections européennes, François Hollande ressemble à un funambule cul-de-jatte que le public sans pitié regarde en se demandant où et quand il va tomber. Dans une telle situation et quand 3% à peine de ses concitoyens souhaitent le voir se représenter en 2017, comment peut-il prendre quelque mesure que ce soit à l’intérieur du pays ? On l’a vu, la joue rouge encore de la double gifle administrée par les électeurs, se précipiter pour annoncer « sa » réforme des régions, réforme hâtive, de toute évidence mal préparée, technocratique à souhait et imposée « d’en haut » (mais existe-t-il encore un haut pour ce président rase-motte?), qui ne tient aucun compte pour réorganiser le pays des héritages historiques, ni des liens géographiques et humains. Il aurait pu s’inspirer des anciennes provinces, dont le souvenir n’est pas éteint dans l’âme des Français, plus enracinés (sauf peut-être en Ile-de-France) que les bobos parisiens ne l’imaginent. Mais probablement ces attachements-là l’effraient-ils,comme ils effraient Alain Juppé, cet autre technocrate qui, sur RMC, affectait récemment de redouter un retour à l’Ancien Régime et l’éclatement de la France : à quoi l’on mesure la confiance que ces oligarques républicains font au régime dont ils vivent. Mais la France a justement été construite sous et par la monarchie et la nation est heureusement plus solide qu’ils ne l’imaginent. Hollande eût-il, par extraordinaire, présenté une carte des nouvelles régions intelligente et réfléchie, les français ne l’eussent peut-être pas mieux accueillie, tant le ressentiment qu’il inspire est profond et la grogne puissante. Nos compatriotes, avaient tenu rigueur à Sarkozy d’avoir abaissé le prestige de la fonction présidentielle, succédané du monarque; ils ne pardonneront pas à son successeur de l’avoir ridiculisée. Car il est ridicule, quoi qu’il fasse et jusque dans les détails : ridicule quand son avion est foudroyé, ridicule quand, ayant choisi par démagogie de voyager en voiture, il est coincé dans les embouteillages. Prendrait-il le train, il tomberait en panne; le bateau, il ferait naufrage; et s’il allait à pied, il marcherait dedans, pas du bon pied. Devant l’étranger, que peut-il représenter et peser ? Reçoit-il Obama et Poutine à sa table, la France apprend à la une de ses journaux qu’il dînera deux fois, à deux heures d’intervalle : l’entrée avec Barack et le dessert avec Vladimir ? Ridicule. Fait-il savoir qu’il entretiendra Obama du scandaleux chantage que les Etats-Unis exercent sur une banque française qui ne s’est pas pliée à l’embargo qu’ils avaient décrété, le Président américain le recadre en faisant savoir qu’il ne se mêle pas des différends judiciaires dans son pays, ce qui laisse entendre, primo, que la justice française n’est pas indépendante, secundo, qu’il a autre chose à faire que de se comporter comme un voyageur de commerce ou un président du conseil général de Corrèze, et tertio que les Français, qui ont achevé de brader leur souveraineté en adhérant au catastrophique traité transatlantique (merci Sarkozy…), sont faits pour obéir aux ordres – par exemple en ne livrant pas aux Russes les navires qu’ils nous ont achetés. S’il est de bonne humeur, le yankee, en partant, laissera un pourliche sur la table de l’Elysée.

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